D’où vient le Syndicat CGT Energie Isère ?
A la base, deux éléments législatifs majeurs :
* la loi de Nationalisation du 8 avril 1946 fondant le transfert à la Nation des entreprises du secteur de l’énergie (électricité et gaz) pour en faire, en tant que fournisseur d’un bien commun essentiel, un ensemble homogène, économiquement et socialement efficace, déterminant pour la renaissance du pays après la deuxième guerre mondiale.
* le décret du 22 juin 1946 instituant un Statut National Unique pour tous les personnels
Ce fut possible grâce à un rapport de force politique favorable, à la puissance du syndicalisme CGT de l’Eclairage, à l’exceptionnelle personnalité d’un de ses militants nationaux, nommé Ministre de la Production Industrielle, Marcel PAUL.
La CGT déjà présente en Isère au sein des entreprises privées locales de l’énergie, constitua, dès la Libération en 1945, un Syndicat CGT fédérateur des personnels de l’Eclairage et des Forces Motrices de Grenoble, qui deviendra ensuite, à la Nationalisation, le SYNDICAT DE CENTRE CGT DE GRENOBLE (regroupant le Transport, la Distribution, la Production Hydraulique, la DTG et les Régies) sous l’impulsion de deux militants :
-Albert BONNARDEL, venant de la Société de Production Hydro-Electrique Bonne et Drac, premier Secrétaire Général (jusqu’en 1968)
-Georges CASSAZZA, venant de la Société Force et Lumière, Secrétaire Général du GNC, la branche Cadres et Agents de Maîtrise de la CGT, très fortement présente au sein de cette population.
C’est là le point de départ de la grande œuvre d’implication syndicale dans la construction d’un grand Service Public novateur : intégration des personnels dans un Statut Unique, mise en place d’un réseau dense d’organismes de représentation du personnel couvrant tous les domaines : celui du personnel (la Commission Secondaire), l’organisation et le fonctionnement de l’entreprise (le Comité Mixte à la Production et ses SCMP), la santé au travail (le Comité Local de la Médecine du Travail), la Sécurité au Travail (le CHS), et, élément inédit jusqu’alors, création d’une CAS à la maille du Centre EDF pour assurer le fonctionnement, en autogestion, du domaine des Activités Sociales. Ce fut «la période des bâtisseurs du Service Public » qui saura donner satisfaction tant aux usagers qu’au personnel.
Mais très vite, la contre-offensive de la classe dominante s’engagea de multiples manières pour regagner le terrain perdu et flétrir cette expérience progressiste. Il en fut ainsi à l’égard des Activités Sociales par le coup de force de 1951 contre le CCOS, la mise à mort de la gestion démocratique et son transfert aux Directions (reconquise de haute lutte en 1964). Multiplication des réformes, division syndicale, intensification de la bataille idéologique n’y suffiront cependant pas. Pour la CGT, le syndicalisme de lutte, les usagers, le champ politique, c’est « la période des défenseurs du Service Public ». La vigilance, la mobilisation, l’interpellation des usagers et des élus, auront malgré tout imposé une vraie longévité du Service Public EDF-GDF en milieu capitaliste.
Jusqu’à ce que s’enclenche (dès le début des années1980) un durcissement des réformes préparatoires de l’ouverture à la concurrence du secteur de l’Energie. A Grenoble cela a commencé par la Distribution, sous le label « Fil rouge » qui, symboliquement instaurait une séparation gaz/électricité et surtout, introduisait comme critère premier de gestion, le résultat financier, corrélé à la diminution du coût du travail (transformation du CDM en Centre de Résultat) Le syndicat CGT ne s’est pas trompé, à l’époque, en engageant les mobilisations contre « l’enterrement du Service Public ». La suite confirmera la tendance ouverte : créer les conditions de réalisation d’un marché européen de l’Energie (sur le dogme capitaliste de concurrence libre et non faussée) : désintégration de l’entreprise, multiplication des réformes sectorielles, recours accru à la sous-traitance, spoliation d’EDF en faveur des fournisseurs concurrents, réduction drastique des droits collectifs, révision du financement des Activités Sociales…Au sein d’un paysage syndical multiplié, parfois divisé, le Syndicat CGT des Salariés de l’Energie de l’Isère, assure de son mieux, son double rôle : la défense immédiate des agents, leur émancipation par la transformation de la société.
La nouvelle période aujourd’hui ouverte est celle de « la reconquête d’un Service Public de l’Energie » , comme bien commun plus que jamais essentiel de l’humanité. Le chemin à suivre est toujours exaltant.